Créer et automatiser le contenu avec ou sans IA [Brighton SEO, sept 2023]
J’aime beaucoup cette citation de Dave Brailsford qui explique le concept des gains marginaux. Pour moi cela illustre très bien le travail que nous réalisons en SEO et la raison pour laquelle il est utile d’avoir une bonne vision d’ensemble même si on se spécialise.
The whole principle came from the idea that if you broke down everything you could thing of that goes into riding bike, and then improved it by 1%, you will get a significant increase when you put them all together.
Dave Brailsford, British Cycling’s performance director in 2012.
“Olympics cycling: Marginal gains underpin Team GB dominance” (2012)
URL : https://www.bbc.com/sport/olympics/19174302
Même si une optimisation paraitrait plus efficace qu’une autre à un instant T, cela ne signifie pas que les autres n’ont aucune importance. C’est de cette manière que j’ai réfléchi la manière d’automatiser des étapes choisies dans nos projets et c’est la méthode que j’ai voulu présenter durant mon talk à l’édition de septembre 2023 du BrightonSEO.
Tandis que nous développons ces derniers temps une fascination pour le generative content, je reste relativement déçue des résultats finaux. Comme une désillusion. J’ai donc très rapidement cessé de penser l’IA comme une solution miraculeuse. C’est à la fois un beau rêve, promesse d’oisiveté, et une crainte de la part d’une partie de la population qui ne souhaite pas que les logiciels et intelligences artificielles nous remplacent. Sans doute car cela nous enlèverait, à nous les humains, tout ce que nous avons d’intéressant y compris nos emplois. C’est au passage une question entre autres traitées dans le dernier roman de Kazuo Ishiguro intitulé Klara et le soleil (Klara and the Sun).
C’est pourquoi je trouve cela important de présenter, même le SEO Copywriting, comme étant une discipline technique. Oui elle demande des compétences éditoriales mais si nous devons publier des contenus en ligne, il est indispensable de savoir comment fonctionne le Web. Il est même important de savoir comment fonctionne un ordinateur. D’ailleurs, l’éditorial EST technique en soi.
Être un bon rédacteur Web n’est pas si simple, alors que demander aux robots ?
En effet, vous pouvez être un excellent rédacteur Web mais cela sera peu utile si les robots ne peuvent pas accéder au site Web correctement. Être un bon rédacteur est une compétence complexe et difficile à acquérir. Elle vous permet de créer des contenus séduisants à la fois pour un robot que pour un utilisateur tout en favorisant les taux de clics vers la page Web depuis la page de résultat. Mais écrire en mettant de côté les enjeux techniques peut nous mettre dans des situations très frustrantes. Passer autant de temps et de budget pour ne finalement pas disposer de page Web techniquement viable est un cauchemar.
Voici une liste de tâches que vous pouvez automatiser grâce aux capacités d’un robot qui n’a pas besoin de dormir :
analyse d’une très importante quantité de données (⚠️ analyser ≠ interpréter),
rechercher des informations et données de façon très large et sans limite,
convertir des formats de contenus en d’autres,
créer une très grande quantité de version brouillon et de 1er jets,
tout ce qui vous demanderait de cliquer plusieurs fois dans la même journée pour une seule et même tâche,
enrichir le vocabulaire et les champs lexicaux.
Aussi, un robot ne s’ennuie pas et ne fatigue pas. En théorie il n’a également aucun biais cognitif ou social… sauf ceux que les humains lui apprennent. Ce sont sans aucun doute les pires. Vous souvenez-vous de Tay ?
Lazy is the new smart.
À l’ère de l’intelligence artificiel et du contenu génératif, il est encore plus intéressant de combiner ces compétences en tant que rédacteur Web :
une culture numérique forte,
des compétences fondamentales en SEO techniques,
un certain niveau de paresse.
Si vous êtes paresseux et malin, c’est exactement ce qu’il faut pour mettre en place les bonnes automatisations. Peut-être que cette tâche que vous vouliez procrastiner serait quelque chose à optimiser ? Un stagiaire pourrait le faire ? En automatisant cette tâche, c’est aussi une très belle façon de permettre aux personnes que vous formez d’accorder plus de temps à de la conception et de la stratégie.
Mais en parlant de stagiaire, n’oublions pas qu’un robot est souvent une personne très naïve, très motivée mais pas forcément très maligne. Elle prend beaucoup de choses aux premier degré (comme moi) et elle a tendance à faire n’importe quoi si on la laisse seule trop longtemps (comme moi ?!). Vous rappelez-vous de cette scène dans Fantasia où Mickey, l’apprenti sorcier, enchante les balais pour qu’ils fassent tout le travail à sa place ? Cela ne tourne pas bien puisque sans supervision les balais continuent en réalité de faire exactement ce que Mickey a ordonné.
Ce que vous pensiez vouloir automatiser et ce que vous avez besoin d’automatiser.
Mais avant de reprocher robots de ne pas deviner tout ce qui se passe dans notre tête, voyons ce que nous rêvons de lui confier. Il est intéressant de voir qu’on aimerait, comme Mickey, ne plus travailler et prendre notre retraite. Pourtant c’est bien dommage, pourquoi ne pas penser plutôt aux robots comme d’un excellent moyen de déléguer les choses qui nous semblent redondantes ? La réflexion, la conception et la stratégie sont les parties les plus intéressantes et les plus amusantes de nos métiers. Gardons-les pour nous ! Laissons les robots nous aider et restons les commandants du bateau.
Voici quelques exemples de ce qui est pertinent d’automatiser :
chercher et trier des sources rapidement grâce à des solutions comme Google Scholar et Google Books dont vous pouvez scraper les résultats puis demander des résumés à ChatGPT afin de faire le point sur ce qui vaut la peine, à ce moment, de lire complètement ou non,
faire vérifier la relecture orthographique, grammaticale et syntaxique (7 fonctionnalités d’Antidote pour le SEO Copywriting),
contacter des experts à interviewer avec des solutions d’emailing comme Yet Another Mail Merge,
importer en masse dans un CMS (bulk uploading for the win!)
retailler, recadrer et alléger des images.
Mais comment automatiser la création de contenu qui exigent une forte expertise ?
Dans le livre The story of success (2008), Malcolm Gladwell parle d’une méthode demandant 10 000 heures pour devenir un expert dans n’importe quel domaine. Ce constat provient d’une étude menée par Ericsson, K. A., Krampe, R. T., & Tesch-Römer, C. (1993). The role of deliberate practice in the acquisition of expert performance. Psychological Review, 100(3), 363–406.
Aujourd’hui le chiffre de 10 000 heures est une idée obsolète mais le message est là : cela demande beaucoup de travail.
Donc si vous ne vous considérez pas comme étant un expert dans un domaine, ne faites pas semblant d’en être un. Cela se verra et cela n’est pas une bonne idée à l’époque du E-E-A-T. Cela dit, même si vous êtes un éminent expert, cela ne fait pas de vous un bon rédacteur non plus. Vous pouvez avoir des idées passionnantes tout en étant absolument ennuyant à écouter et à lire. Alors la meilleure solution est certainement de composer avec une autre personne. Vous êtes un bon rédacteur : faites appel à un expert. Vous êtes un expert : faites vous aider par des personnes expérimentés pour structurer un discours et le mettre en forme.
Liste d’astuces pour aller plus vite ET mieux dans la création de contenu.
Analyser les contenus déjà mis en avant sur la 1ère page de Google grâce à YourText.Guru,
Retrouver les noms d’experts et d’entités à explorer avec YourText.Guru,
Automatiser les changements de formats pour se donner les chances de faire apparaître son site avec un featured ou rich snippet (n’attendez pas que Google change ou mette en place des fonctionnalités pour rendre vos contenus structurellement plus attractifs).
liste en tableau,
paragraphe en liste,
article en FAQ,
transcription d’infographie grâce à l’OCR,
scraper des références dans Google Scholar avec un plug-in dans le navigateur (Scraper)
consulter les mots-clés dans les livres sur Google Books,
utiliser les API des licences d’outils que vous payez déjà pour vous aider à faire des analyses larges et prioriser,
utiliser les fonctionnalités de transcription des podcasts pour réaliser des interviews plus efficacement,
utiliser les fonctionnalités natives de vos appareils (détourage sur iPhone, OCR sur Remarkable, etc.),
apprendre à écrire en MarkDown pour facilement transformer n’importe quel fichier en un autre format plus adapté à son besoin du moment.
Automatiser pour la créativité.
Si vous automatiser les tâches redondantes qui vous ennuient, vous avez l’esprit plus libre pour penser et être créatif ! La créativité consiste à relier des points qui nous paraissent parfois très éloignés. Mais ce lien tracés entre ces deux points crée quelque chose de nouveau et souvent passionnant. Cette manière de voir les choses vous donne les clefs pour identifier ce que vous pourriez automatiser dans vos méthodes. Quelles sont les choses qui vous ralentissent, qui créent de la frustration ? En quoi ces automatisations vous aideraient ?
Mais n’oubliez surtout pas votre vrai objectif, celui pour lequel vous êtes sur le Web : être meilleurs que vos concurrents. Cela passe notamment par la création de contenus intéressants, pertinents, et que vous aurez vous-même envie de relire.